Dans les écouteurs de, c’est reparti ! Après quelques (hum, beaucoup) mois d’arrêts, voici un nouvel épisode pas comme les autres avec ADMIRE(Z).
Plonger dans les discothèques des autres est toujours grisant. À la recherche de la pépite, du groupe inconnu, de la nouveauté la plus fraiche, du classique oublié ou, encore plus grisant, voir jouissif, du morceau un peu honteux que l’on aime aussi, se disant que finalement, nous ne sommes pas seuls, tout va bien, les goûts et les couleurs ont beaux être différents, d’autres êtres écoutent tout autant ce qu’il nous plait, à nous.
Pour cette nouvelle incursion dans l’autre, nous avons demandé à ADMIRE(Z) aka Claude de nous dévoiler quelques titres favoris. Mais comme Claude, ou plutôt, ADMIRE(Z), ne fait rien comme les autres, le résultat est tout bonnement fou : un immense texte, détaillant la petite ou grande histoire derrière chaque groupe et morceau choisi, croisant les souvenirs plus ou moins récents – bref, un voyage. Autant dire qu’à la vue de tout ceci, notre fois en l’humanité est restaurée. Et puisque l’homme n’est pas avare en mots, nous avons même décidé de le laisser se présenter. Dans les écouteurs de ADMIRE(Z), c’est parti.
ADMIRE(z) est l’évolution du projet DARWIN mené par Claude depuis 10 ans maintenant (si tu mets le désordre dans DARWIN, ça donne ADMIRZ), avec au départ des boutiques qui mixaient fringues, disques, livres, hi-fi vintage, lieux de vie, organisation de soirées, d’expo (implantées dans le sud dès 2008), et un concept qui se donne toujours comme lignes directrices exigence qualitative, impératifs esthétiques et implication dans le tissu culturel local.
Admire(z) se veut un social media global, terrain de jeu où le partage d’informations, actuelles comme passées, côtoie la belle image, le bon morceau de musique.
Laboratoire créatif, admire_ztudio est aussi désireux de proposer des solutions en communication : virtuelles (réseaux sociaux, web), visuelles (graphisme, photo, vidéo), évènementielles (musique forcément, mais pas que), rédactionnelles (écrire est une passion – surtout de looongs textes – qui, si elle peut paraître bien obsolète à l’époque où certains imposaient 140 caractères maximum, est ardemment défendue).
Naturellement, on retrouve Admire(z) investi sur Montpellier, que ce soit avec l’association des Chineurs (branche locale de la Chinerie parisienne), le collectif Piñata (émission radio musicale mensuelle) ou via ses propres évènements, comme ce nouveau projet à venir, ‘Cinématoque’, qui alliera passion du cinéma et envie de gastronomie, organisé en collaboration avec BASTON creative : retenez bien ces noms, dont vous entendrez très prochainement parler !
Admire(z) se décline actuellement sur les réseaux sociaux, sous format papier (un petit fanzine du nom de Désrodre que vous pouvez trouver sur Montpellier, en cherchant bien), ainsi qu’en soirées djing/clubbing dans des lieux comme le Black Out, Le Chabaneau… Pour le reste, c’est à suivre sur Facebook et Instagram.
Résumer ses goûts musicaux en une dizaine de tracks … On se dit toujours qu’on va aller taper dans les trucs bien obscurs, histoire d’épater la galerie, mais finalement rien de tel qu’un classique pour poser de bonnes bases à une histoire censée durer ! Ce qu’est capable de faire la vraie bonne musique. Durer.
Voodoo Queens pour commencer, c’est un peu tout le contraire de ce que je viens de dire : des groupes pas connus comme ça, y en a eu à la pelle, bons mais qu’on oublie vite. Là ça fait partie de la musique qui m’a obsédé à la fin de mon adolescence, cette période de vie durant laquelle tu t’évertues à aller à l’encontre de ce qu’on essaye de t’inculquer, en faisant grossièrement tout l’inverse de ce qu’on te demande, parce qu’en somme tu commences vraiment à avoir les arguments pour te rebeller (genre cheveux longs et chemises à gros carreaux)
Les temps que l’on traverse sont bien obscurs, notamment avec cette lutte pour la parité où le féminisme ne sait plus trop quelle forme prendre (franchement, est-ce qu’on se met du rouge à lèvres qui claque ou est-ce qu’on se laisse pousser les poils aux pattes?). Et avec cette impression que dans les années 90 on se posait moins de questions. J’étais absolument fan du mix punk/noise/garage et d’autant plus quand il était joué par des groupes exclusivement féminins, Red Aunts en tête, Bikini Kill, Thee Headcoates, mixte aussi comme Daisy Chainsaw, Huggy Bear, et mes chouchous Free Kitten (l’autre groupe de Kim Gordon/Sonic Youth), voire un peu plus thrash avec L7, Babes in Toyland… Ce son énervé et toute cette imagerie nineties bordélique, mélange de modernité et de passé (le mouvement hippie faisait un revival) me convenait.
Dans les années 90, on avait pas internet, pour de vrai, alors c’était plus compliqué et impliqué de vouloir écouter de la musique qui sortait des sentiers battus : pour ça il y avait la presse, les fanzines, les concerts, la radio, les potes.
Et les Inrocks, mensuel très valable à l’époque (rapport à l’hebdominable devenu), avait aussi « son » émission radio, disons plutôt que le présentateur Bernard Lenoir sur France Inter avait baptisée la sienne ainsi, et il y proposait ses fameuses ‘Blacks Sessions’, live qui accueillaient la crème de la scène rock « indé ».Je me souviens d’une émission, celle là était en direct avec une londonienne qui d’un coup a balancé ce morceau, de ce groupe anglais féminin : Voodoo Queens, Supermodel/Superficial.
Titre qui moque bien évidemment la condition de certaines femmes face à l’importance qu’elle donne au physique. Love.
Voodoo Queens a été apparenté au mouvement Riot Grrrl : autre « particularité » (on aime bien mettre des guillemets) dans ce groupe composé uniquement de femmes, plusieurs sont d’origine pakistano-indienne (le côté voodoo surement). Un groupe de femmes, d’origines immigrées, qui font de la musique, ont du succès, qui passent à la télé… ouais ça paraissait plus simple dans les années 90. La chanteuse, Anjali Bathia, a été gogo danseuse pour The Cramps, et a fait partie de Mambo Taxi, autre combo intéressant. Typiquement le genre de groupes qui « malheureusement » n’avait pas une durée de vie très longue, mais produisait des bombes.
Voodoo Queens, Supermodel/Superficial (Chocolate Revenge, 1994)
Pour rester sur l’idée du féminisme combatif, en 2ème place il me faut mettre Prince.
Prince, c’est comme pour les Rolling Stones : il faut choisir son camp. En face y’a les Beatles, et Michael Jackson, il faut prendre une décision avant de partir finir sa vie sur l’île déserte. Pour les mêmes raisons que je choisis les Stones, ce sera Prince sans hésitations, sans pour autant dénigrer les autres, bien au contraire (mais il y a la question de l’île déserte).
Prince c’est tellement de choses à la fois, et étant fan de cinéma, ça passe aussi par la case films, et les films de Prince, c’est… quelque chose (il a reçu pas mal de Golden Raspberry Awards pour sa filmographie, ceci expliquant cela). Ça implique aussi Champagne, The Rebels, The Revolution, The Time, Sheila E, Vanity 6, Appolonia, Mazarati ( !!!), The New Power Generation, Madhouse, Paisley Park, Minneapolis, et une nouvelle façon de communiquer, Love Symbol, Eye 8 U… Tous ces side-projects, cet univers unique, qui transpirait l’industrialisation (automatisme, robotisation, l’électronique), aspect primordial dans la compréhension de ce son qui finalement pourrait apparaître plutôt froid pour un renouveau « funk », synthétique, que certains nommeront technofunk. Tellement de choses à dire.
Triste que sa mort ait fait aussi peu de bruit, il était trop en avance. Prince a toujours su s’entourer de femmes, et pour les bonnes raisons, leur laissant occuper des places prépondérantes dans ses formations, chanteuses, musiciennes, pas que sexy, motherfucker. C’est beau.
Difficile de trouver des originaux de Prince sur YouTube, il contrôle, j’aurais aimé partager des titres tels que Bambi, The Future, Life Can Be So Nice, Dance On… du coup ça sera plus officiel (et surtout googler « Prince while my guitar gently weeps », tenez jusqu’au bout, il est tapis dans l’ombre à droite, et admirez sa prestation guitare sur ce morceau de Georges Harisson pour The Beatles).
Prince, Partyman (Batman, 1989)
This is it. Dam-Funk, c’est avant tout pour remercier le label Stones Throw, surement un des meilleurs label au monde (géré par Peanut Butter Wolf à L.A. depuis 1996), pour leurs précieuses découvertes, sans frontières stylistiques ni géographiques (même si c’est très orienté hip hop/soul, des artistes comme la berlinoise Anika, ou Savath Savalas aka Prefuse 73 ont été produits).
Je crois qu’avant d’être découvert par ce label en 2007, Dam-Funk était camionneur, un truc dans le genre … Dam-Funk c’est la résurrection du boogie, l’electro funk à l’aire moderne : il appelle ça le modern funk, il a tout compris. J’ai eu la chance de le voir en live avec son groupe Master Blazter, à l’époque où le Worldwide proposait encore des concerts sur la plage de Sète, et j’ai eu encore plus de chance de le croiser et de le checker, pendant que j’attendais ma place et que lui arrivait sur le sable, cool, avec ses musiciens et leurs flight cases. Un personnage. Gros son, Grosse claque.
Sorte de consécration, son album avec Snoop Dogg, 7 days of Funk : la reconnaissance des pairs ça doit toujours faire plaisir, surtout que l’anecdote est marrante, Dam-Funk raconte que c’est Snoop lui même qui l’a contacté, sur Instagram, sauf qu’il n’a jamais vu le message ne sachant pas que Instagram permettait cette fonctionnalité … Ils se sont revus et rencontrés plus tard, lors d’un concert, et c’est là que le projet a pu être concrétisé.
Leçon à retenir pour plus tard, toujours mater ses messages (sans oublier la boite spam !) Force est de reconnaitre que son style musical implique des prods cohérentes qui se ressemblent souvent, alors il ne faut pas hésiter à écouter ses mixs pour Boiler Room, Mixmag, histoire de capter autre chose.
Dam-Funk & Snoopzilla, Faden away (7 days of Funk, 2013)
S’il y a bien un truc qu’on pourrait leurs reprocher, c’est le choix de ce nom : Guns‘n’Roses, c’est un peu le groupe de la honte, comme avouer que l’on regarde Cyril Hanouna le soir seul chez soi (toi même tu sais !) Blague à part, ils ont été le plus grand groupe rock du monde, ont rempli des stades, vendu des millions d’albums, ont eu des dégaines spécialement girly et avec ça les plus belles femmes à leurs pieds (pas des adolescentes boutonneuses), le tout en poussant à son paroxysme l’expression consacrée sex, drugs & rock’n’roll.
Avant de partir en sucette. Ça doit pas aider. Ils en rêvaient sûrement, l’ont pas forcément voulu, mais l’ont eu, succès bien mérité en sortant de nulle part : ils viennent de la rue et dégageaient alors cette authenticité difficile à ignorer, pourquoi ils ont été qualifiés de groupe le plus dangereux au monde.
Cette histoire est fabuleusement racontée dans le livre publié aux éditions Camion Blanc, ‘Guns’n’Roses, une saga américaine’ (oubliez le docu passé récemment sur Arte, qui survole caricaturalement le sujet). C’est important de pouvoir historiser, même si l’œuvre artistique est censé pouvoir parler de lui-même, ça reste primordial de pouvoir recadrer dans le contexte (historique, géographique, économique, politique, social…). Les Guns on aime, ou on déteste, y’a rarement d’entre deux, mais si on aime, ça n’est pas que pour la musique, c’est le tout. Beaucoup de groupes de cette époque, apogée du Sunset Strip à L.A., ont été décriés pour leur côté « commercial » (le hair métal, Glam métal, rock FM, styles nettoyés pour mieux passer sur les bandes radio) : ce n’était pas le cas des Guns, malgré le succès.
MTV, qui avait une très grande influence à cette époque, a refusé de les diffuser à cause de leurs propos, puis a accepté au vu du résultat : le clip Welcome to the Jungle a été testé une nuit, une diffusion – nombre d’appels record pour savoir qui était ce putain de groupe ?! Ok ils ont fait des ballades, des « SLOW», et des clips bien pourris où on voit un mec perché avec sa guitare jouer des solos interminables sur une falaise, les cheveux longs au vent bien entendu … tu pleures. Mais même là il faut creuser un peu plus ! Pantera aussi a fait des ballades et t’irais pas leurs dire en face qu’ils sont des petits joueurs, ou avec un casque.
J’ai découvert le groupe quand je devais avoir 15 piges, rayon musique d’un hypermarché, grâce à la pochette vinyle de leur album Apetite For Destruction qui venait de sortir, dessinée par Robert Williams, j’étais en extase, la tenais fixement entre mes mains (pochette ensuite interdite … puis ré-éditée: on y devine une scène de viol entre une jeune fille et des méchants robots sanguinaires). Il y a quelque chose d’assez subversif et contestataire là dedans, à savoir que ton public est notamment composé d’adolescents, de faire ce genre de choix graphique : on retrouve cette même envie dans le skate et les décos de boards, ce qui est très bien exprimé dans le livre de Sébastien Carayol, aux éditions Gingko Press, Agents Provocateurs : 100 subversive skateboard graphics (ACHETE !)
C’est l’iconographie de tous ces groupes métal et hard qui m’a notamment donné envie de me mettre au dessin, puis au graphisme, faut croire que ça marche. Je ne suis pas fan de Iron Maiden par exemple, mais cette typo, et ces dessins, ça m’intriguait ! Alors j’écoute les Guns depuis presque 30 ans maintenant, avec toujours autant de plaisir et de passion : autant dire que des albums achetés pendant mon adolescence il y en a plus d’uns qui ont viré de mes bacs, mais pas eux, ça doit relever du génie … non ?
En extrait le morceau I don’t care about you, tiré de Spaghetti Incident, un album compilation de reprises orientées punk/glam sorti en 93 (pour le cas il s’agit d’une reprise de Fear), mettant en avant leurs influences diverses. À savoir aussi que Axl Rose, le chanteur, était un grand amoureux de T.Rex et Elton John (respect total, faut oser l’avouer ce genre de plan), Slash, à la guitare, fan de Queen et Thin Lizzy (pas tout le monde qui connait Thin Lizzy, un groupe seventies irlandais mené par un bassiste black), Duff, à la basse, admirateur des Sex Pistols, Damned et autres Misfits : tout ça permet de mieux recadrer !
Guns’n’Roses, I Don’t Care About You (Spaghetti incident, 1993)
Pour rester dans le punk hardcore, Black Flag c’est bizarrement l’expression ultime de ce qu’a été la première vague, celle que l’on a notamment symbolisé par l’acronyme HCDC, pour scène Hard Core issue de Washington DC, d’où venaient des groupes majeurs tels que The Teen Idles, Minor Threat, Youth Brigade ou encore Bad Brains (groupe de blacks avec locks, for real).
« Bizarrement » car Black Flag étaient eux de Hermosa Beach en Californie.
Ici une version live (avec Ron Reyes au chant), histoire de voir comment on dansait à l’époque. Le logo du groupe et la plupart des pochettes ont été dessinés par Raymond Pettibon (frère de Gregg Ginn fondateur du groupe), devenu un artiste internationalement reconnu depuis (il a récemment réalisé sa version du magazine arty Point d’Ironie pour Agnès B)
Les liens entre musique, mode vestimentaire, arts plastiques, danse, dans ces mouvements souvent créés par une jeunesse anti-conformiste, populaire, sont super intéressants : punk, hiphop, clubbing, skate … Malheureusement, la plupart des tendances alternatives sont récupérées, standardisées, pompées, généralement par les gens du milieu de la mode, pour transformer ça en machine à sous … ce qui aurait tendance à foutre les boules à certains puristes, il faut le comprendre. Les posers y’a pas plus sale.
Le côté hardcore permet de rester en dessous de la surface, du mainstream, et heureusement il y a toujours moyen de s’échapper, dans le hip-hop (merci Mobb Deep, MOP, Onyx, merci le Queens…), le reggae (j’ai eu ma phase dancehall bogle, fan du Scare Dem Crew), dans la house (la ghetto house, l’acid house sont apparues assez rapidement en contrepoint du disco et de la house garage/soulful)… etc, rempli à ta guise.
Black Flag, Depression (Damaged, 1981)
Black Sabbath, parce que des calculs mathématiques tendent à prouver qu’au jour d’aujourd’hui, ils sont le plus grand groupe de tous les temps ! Et c’est pas que pour leurs moustaches. Mais on en parle plus longuement là, clique.
En espagnol, ‘escouchar’ ça veut dire écouter, et ‘entender’ ça veut dire comprendre, alors il faut bien écouter et entendre le morceau Sabbath Bloody Sabbath : il détient un exemple de rythmique heavy typique du groupe, celle qui influencera justement tant de groupes et tant de musiques différents, jusqu’à l’acid house de Marshall Jefferson et le track I’ve Lost Control de Sleezy D, sisi, il le dit lui même (voir texte !)
(Timeline calée pour tomber direct sur le riff, on avait jamais fait aussi doom)
Black Sabbath, Sabbath Bloody Sabbath (Sabbath Bloody Sabbath, 1973)
La transition se fait d’elle même, The Rapture, c’est le groupe, avec le label DFA, qui m’ont permis de m’intéresser enfin à la musique disco et à la musique électro dont house, pour les bonnes raisons. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais.
C’est pendant mon premier voyage à NY en 2001 que j’ai trouvé cet EP qui venait juste de paraître, Out Of the Races and onto the tracks, sorti sur le mythique label Sub Pop (Nirvana et la scène « grunge », Seattle, si tes oreilles ont commencé à pousser après 1995). Une première écoute rapide dans le shop et je pécho direct, il y’a des signes qui ne trompent pas, parfois il suffit de même pas 10 secondes d’écoute pour que ton corps tout entier réagisse, comme tes poils qui se mettent au garde à vous, faut pas laisser passer, c’est le signal que tu tiens vraiment quelque chose.
The Rapture de cette époque c’est le revival de la scène no-wave des années 80, avec le penchant disco/dansant/rythmé qui est encore plus appuyé. J’étais déjà fan de groupes tels que DNA, ESG, Delta 5, du label ZE (il faut absolument voir le film/documentaire Downtown 81 pour ceux qui ne connaissent pas, l’histoire de Jean Michel Basquiat se baladant dans le New York underground de ces années là), mais là c’est l’impression d’accéder à ton époque à quelque chose que tu n’as pas pu vivre, limite encore mieux, de la magie.
Mélanger DNA, The Cure, James White, obtenir un rêve, un phantasme, c’est génial, on remercie ce genre d’artistes à tout jamais, les gars on vous offre un Ricard quand vous voulez. Tout ça évoque LE début d’une grande histoire, avec les sorties de DFA, les lives de LCD Soundsystem, de Hot Chip (qui était bien parti pour être le plus grand groupe des années 2000), et surtout la découverte de Tim Sweeney et son émission radio Beats In Space, qui était alors le « DJ officiel » de ce label new yorkais.
Lui en tant que DJ m’a fait découvrir le sens du beatmatching, et en tant que présentateur radio la crème de la scène passée comme contemporaine en terme de musiques électroniques, et house/techno. C’est surement le DJ que j’ai vu le plus de fois, et qui à chacune m’a fait le plus voyager. Il a la manière de construire les mixs qui te fait monter, monter, parfois redescendre, mais pour encore mieux remonter. Perfection, et connaissances musicales assez impressionnantes. Inépuisables.
J’ai aussi eu l’opportunité de lui organiser une « mini tournée » en 2007, avec 4 dates en France : Montpellier, Perpignan, Narbonne (parce que j’y vivais), et Paris. Quelle joie. À Narbonne c’était vraiment fou, enthousiasme aidant (merci les locals), j’ai vu le gars finir en discothèque (il n’y a pas d’autre terme pour décrire l’endroit où nous avons fini la soirée) et danser sur ‘Les démons de minuit’, de base !
La première fois que je l’ai vu/entendu, c’était une boat party au large de Collioure, un an avant : mix disco, nu-disco, house, il a fini au micro en chantant I feel love de Donna Summer, avec lever de soleil à l’horizon … dingo ! On a discuté, je lui ai dit qu’en tant qu’hyper fan de rock à tendance dure je n’aurais jamais pu envisager un jour apprécier le disco … Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, on a gardé contact, j’ai fait une interview de lui pour mon ancien webzine, puis on a mis en place ces gigs!
Alors toi qui rêves de rentrer en 1ère année médiation culturelle afin d’organiser un jour ton festival (avec ateliers DIY), dis-toi que RIEN n’est impossible !
The Rapture, House Of Jealous Lovers (Morgan Geist Remix) (Echoes – pour l’original, 2002)
Run Dmc, Kid Frost, Public Enemy, Krs One… fin des années 80, c’est l’apprentissage de la culture hip hop via RapLine l’émission télé d’Olivier Cachin (1990 sur M6) et les K7 audio qu’on se passait entre potes.
Tougher Than Leather, plus dur que le cuir, un titre, un album, et aussi un film produit par Rick Rubin (boss des labels Def Jam, Def American, le début du crossover, produire autant du hip-hop que du métal sur un même label) : sorti en 1988, ce track de Run-DMC que j’avais copié d’une copie TDK transparente et que j’écoutais en boucle m’a forcément frappé pour son sample de guitare électrique, et par ces rimes rappées accapela en intro, que je trouvais fabuleuses.
Unconceivable, unbelievable / Grammar like a hammer information receivable / Sent by the Lord, here and abroad / With words well adored now they can’t be ignored!
Run-DMC, Tougher Than Leather (Tougher Than Leather, 1988) (version avec lyrics, pour rapper en même temps si t’es chaud)
1988, c’est à cette même période que je me suis mis au skate, alors via les vidéo VHS et Noway, le magazine français spécialisé, on avait accès à cette subculture urbaine, underground. Pas de règle, pas de maître, pas de limite de terrain, pas d’horaire, la liberté absolue. La vie. Il y avait les Native Tongue, De La Soul, A Tribe Called Quest … Puis la claque en ’93 et première partie des nineties avec les prods Wu-Tang Clan, Enter The Wu-Tang et les premiers albums solo de Method Man, ODB, Raekwon, Gosthface, GZA …
Et au milieu de tout ça, forcément, ceux que j’aurais du choisir ici, mais je me suis retenu, les Beastie Boys. Le crossover par excellence : la mixité, le mélange. Un groupe de punk harcdore qui passe au hip hop, des blancs qui font de la musique de blacks, un label, un magazine, des clips, une marque de fringues … XLarge, Grand Royal, que du bon, à la limite de la perfection, INTOUCHABLES ! Vus au Sonar, avec Mix Master Mike aux platines, c’était fat, ça pogotait même sur les morceaux hiphop.
On remet une couche mais avec ce track du Wu, où on peut kiffer Masta Killa dès le début 🙂
Wu-Tang Clan, Careful (Click, Click) (The W, 2000)
La musique électro, c’est un peu la dernière nouvelle musique non ? Et elle est pourtant déjà bien datée, là depuis les années 70. Que ce soit via les expérimentations de la musique concrète, du rock progressif, Kraftwerk, du hip hop naissant, de l’EDM.
On a réellement rien inventé de neuf depuis si ? Tu m’arrêtes si je me trompe, en gros on ne fait que mélanger ce qui existe, et on a forcément du mal à imaginer ce que pourrait être la nouvelle musique du futur. Le rap belge ? mmm…
J’ai récemment lu une analyse intéressante dans une interview en rapport à la « problématique » des migrants, la personne interrogée remarquait que la plupart des musiques populaires avaient émergé de ce genre de rencontre, entre un peuple « accueillant » et de nouveaux habitants, expatriés/émigrés/immigrés : ça c’est pas passé pour les mêmes raisons, malheureusement, mais nombre des styles évoqués au dessus sont par exemple en lien avec les africains américains, et forcément avec la triste histoire de l’esclavagisme.
Elle se disait donc que nous pouvions espérer de nouvelles musiques, qui naitraient de la rencontre des pays arabes et des pays nord-ouest européens, quand ces créatifs exilés se tourneront vers l’art pour s’apaiser, et s’approprieront nos moyens de production, pour les adapter à leurs conceptions de composition. On ne parle pas forcément de musique électro aux sonorités arabisantes, déjà vu, mais encore autre chose, à suivre !
En attendant, l’histoire du djing, celui à base de beatmatching, l’évolution de la disco en house, les productions 100% électronique, l’histoire du clubbing, celui des basements, tout ça est passionnant, parce qu’en y regardant de plus près, on se rend forcément compte que toutes ces musiques populaires sont liées, du début avec le blues à maintenant avec la techno, et ça, ça m’obsède vraiment !
Là on commence par New York, c’est le rhythm‘n blues, la soul, le funk, les musiques africaines, latino, qui donnent le mouvement disco, à la base il ne représentait pas une musique précise produite et enregistrée en studio, mais un lieu où un ensemble de musiques étaient mixées par des djs : Francis Grasso étant le précurseur.
De là, étant donné le succès acquis, et encore une question de gros sous, on a voulu reproduire ça et fabriquer une nouvelle musique estampillée disco, qui a évolué encore, jusqu’à saturation et explosion (Saturday Night Fever puis la Disco Demolition Night en 1979 ont participé à ce déclin), pour enfin retourner dans l’underground avec les productions en home studio, retour au DIY : ça passe par Chicago, et Detroit, ça donne la House, l’Acid, et la Techno.
Difficile de réduire tout ça en un seul track, on en choisit deux alors ?
Premier track, car il représente assez bien l’idée de transition entre disco new yorkaise et house chicagoanne justement, et qu’il est sorti sur DI International Records, un label local apparu au milieu des années 80, en pleine émergence du mouvement (lancé là encore par des djs, début 80 avec Ron Hardy au Muzic Box, Frankie Knucles au Warehouse). Il est avec Trax l’un des premiers labels à s’intéresser au style et à se spécialiser : le maxi contient un remix de Tyree, fondateur de la hip house, car ce label DJ International, avec Hot mix 5, Dancemania et la ghetto house, sont les représentants d’un retour du mouvement vers ses origines, blacks, alternatives, gays, crades, underground.
On a bien un tempo électronique martelé par un kick bien fat et une très grosse ligne de basse (écoute au casque si tu veux vraiment apprécier), mais les percussions le rendent plus léger, cheesy, penchant côté disco, et les premiers vocaux, de femme, confirment l’idée, sans pour autant laisser présager la suite « Ce soir, j’ai vraiment besoin de quelqu’un », intraduisible mais tellement bon ; puis arrivent les vocaux masculins & synthé genre violon qui rendent l’ensemble limite dance, ce qu’on pouvait retrouver dans de nombreuses productions du début de la house comme de la techno (quand on écoute Good Life et Big Fun de Inner City, groupe formé entre autres par Kevin Saunderson, qui sont quand même censés représenter le début de la techno from Detroit, on se pose le même genre de questions, qu’est ce qu’il vous arrive ?!)
Anthony Thomas, Tonite, I really Need Someone (DJ international, 1989)
Second track, toujours Chicago, et même kick mais pas vraiment pareil, c’est Green Velvet, aussi Cajmere, Cajual Records, Dajaé … Des productions autant house soulful que acid limite hardcore, c’est un pari réussi. On choisit le côté obscur pour notre sélection : des machines, un vocal, minimaliste, une montée acid, des lyrics, efficaces. C’est à ça que sert la musique non ? Enjoy.
« Sometimes i want to leave my body, and float away into space, and float away from this place. »
Green Velvet, I Want To Leave My Body (Portamento Tracks/Relief Records, 1995)
Retrouvez tout l’univers d’Admire(z) sur Facebook, Instagram & les dancefloors de la région dont le 21 juin avec la team Piñata au Chabaneau !
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