Parade, Modal & Piñata Radio, ce sont deux collectifs & une web-radio qui insufflent un nouvel air de fête à la vie nocturne de notre ville. C’est donc tout naturellement que nous les avons réunis pour une discussion.
Ils sont jeunes, beaux & fringuants. Les uns font parties des collectifs de musiques électroniques Parade & Modal, les autres diffusent tous les jours de la belle musique sur leurs ondes de Piñata Radio. Et mis à part une présence dans notre ville et le fait de s’être croisé plusieurs fois, qu’ont donc tous ces gens en commun ?
Et bien, pas mal de choses à vrai dire. Ils représentent tout d’abord une certaine idée de la fête, celle que l’on aime tout particulièrement chez Watch The South. Une fête ouverte à toutes & tous, pleine de good vibes et qui élève l’esprit. Car la fête n’est pas seulement une activité pour passer le temps, où l’on porte son plus beau t-shirt à col V et où l’on descend sans préavis un pack de Kro à moitié chaud. Sans rentrer dans de trop longues considérations philosophiques, la fête est avant tout un espace de liberté, de mélange des gens & des genres autour d’une (ou des) musique(s) dans un espace donné. Et, si tout est réuni et que les conditions sont optimales, la sortie du samedi soir se transforme en une expérience autrement plus grande, belle & forte qu’une entrée-avec-une-boisson-offerte peut le laisser entendre. On se sent alors membre de quelque chose. D’un espace, d’une communauté, où la musique est à la fois le dénominateur commun et propre à chacun, où l’on se sent libre, unique et faisant partie d’un tout.
Ça vous parait un peu trop, mais pour eux ça veut dire beaucoup. Eux, c’est donc Parade, Modal & Piñata Radio – deux associations & une web-radio qui, chacun à leur manière – et parfois tous ensemble – donne un nouveau souffle à notre ville et sa vie nocturne. Parcours respectifs, positions dans le paysage montpelliérain, état des lieux de la nuit & envies pour l’année à suivre : tout y est passé !
Hello tout le monde ! Merci d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions. Tout d’abord, faisons le point sur vous. Vous venez de souffler respectivement trois bougies (Parade), tandis que Modal entre dans sa seconde année d’activité et que Piñata Radio décolle totalement et s’impose comme une radio indé nationale. Si l’on doit faire un premier bilan, ça serait quoi ?
Modal : Cette troisième année démarre bien et nous sommes satisfaits de la ligne directrice que nous avons construite à travers nos bookings. En un peu plus de deux ans, Modal a pris forme aux travers de rencontres, collaborations et expérimentations. Et tout ce que nous souhaitons c’est que ça continue ainsi !
Parade : On a d’abord commencé avec une ligne de mire totalement différente à celle d’aujourd’hui. En 2015, nous avions pour objectif de mélanger plusieurs arts : photos, danse, exposition… et bien d’autres avec la techno qui était le point d’orgue de l’association. Après 5 « Parade : Techno » au PZ, où nous produisions des artistes locaux et nationaux, nous avons pris une toute autre direction : la fête en s’orientant vers un style musical beaucoup plus propice à celle-ci comme la house.
Piñata Radio : Le bilan est plus que positif et assez étonnant ! Quelques mois après nos premiers direct, on a pu être sélectionné aux Mixcloud Online Radio Awards (de la plateforme Mixcloud) ! On a gagné le prix du public dans la catégorie « Rising Star » – entendre étoile montante ! – ce qui nous a emmené à participer au Festival International de Radio à Malte à côté du Mouv, de la BBC et de quelques unes des plus grandes radios du monde ! On est assez chanceux de ce qui nous arrive on dirait ! D’un autre côté, notre identité s’affirme, tout comme notre place dans le paysage local au côté des artistes, des acteurs culturels et de nos auditeurs : donc que du positif pour une première année d’existence !
Au fur & à mesure des événements, une évolution semble s’être faite. Pour Parade, un glissement de la techno vers des musiques plus solaires (à l’image de Bellaire, votre invité) ; chez Modal, tout en gardent une esthétique hyper léchée, une incartade vers le jazz avec le projet Nuances. Quel a été le point de départ de chacun ?
M : Le festival Nuances, réalisé en collaboration avec le disquaire Independent & Happy, fait partie des expérimentations qui nous tiennent à cœur. À l’image du projet Amodal, Nuances ne s’inscrit pas dans ce que l’on propose à travers nos formats classiques et nous permet de nous ouvrir sur d’autres genres musicaux et formes artistiques.
P : Comme on te le disait précédemment, on souhaitait se diriger vers une vraie fête. Quelque chose qui change de d’habitude. Nous sommes tous les trois passionnés de musiques ; Luigi est dj / programmateur artistique, Charlotte est attachée de production et Jonas chargé de communication festivals/concerts. C’était donc une volonté commune qui allait aussi avec nos goûts musicaux et nos expériences du moment. Nous avons essayé d’apporter un nouveau style sur Montpellier.
PR : Au dela de l’identité de la radio, c’est à dire au niveau de la playlist et des gouts de nos curateurs qui l’alimentent, on évolue au gré de nos invités et émissions ! C’est notre plus grande source d’inspiration musicale !
Piñata, ce fut d’abord un webzine musical & culturel. Puis l’envie de prendre le micro s’est faite : même question, quel a été le point de départ de cette avancée ?
Piñata s’est lancé comme un magazine web fin 2016, mais avait également une émission sur RCM dès ses débuts. La radio a donc été toujours été omni-présente ! On suivait de très près les web-radios comme NTS, Worldwide FM, Le Mellotron ou Rinse France et dès que nos amis lillois de Supagroovalistic ont lancé Comala, on a eu comme un flash ! C’était possible en fait et on l’a fait ! On a mené à bien une campagne de crowdfunding, rassemblé des DJs et curateurs de notre réseaux puis en janvier 2018, on a eu nos premiers direct dans un studio privé au centre ville.
En parlant d’évolution, j’aimerai avoir votre avis sur la scène montpelliéraine : déjà, en tant que spectateur et amateur de musiques électroniques, est-ce que vous vous y retrouvez ?
M : Beaucoup de choses intéressantes se passent à Montpellier, que ce soit du côté des promoteurs, des artistes ou du public. Le problème avec la scène électronique locale c’est qu’elle manque de lieux. À quand un bon club dédié à la musique électronique en centre ville ?
P : Depuis quelques années la scène montpelliéraine prend un tout nouveau souffle. Le style évolue à la même allure que la ville. Par exemple, on remarque que la minimale a quasiment disparu suite à la fermeture du Bar Live en 2009.
Sans parler du rock, une grande partie des habitants se dirigent plus facilement vers des musiques plus sombres comme la techno, ou l’acid pour citer quelques exemples. Il y a donc là un challenge à prendre pour les différentes associations de la ville, en essayant d’apporter de nouvelles choses, une autre ambiance. C’est ce que l’on souhaite faire : retrouver de la bonne humeur et des bonnes vibes, avec la house, qui nous permettra de mieux nous y retrouver dans les programmations qui s’offrent à nous.
PR : Montpellier reste une ville complexe, à qui on n’enlèvera jamais l’esprit « sudiste » dans lequel on a du mal à se retrouver parfois. On ne sera jamais réellement satisfait de ce qu’il se passe ici, mais cette exigence c’est notre façon d’aimer notre ville on dira. Dans la musique électronique du moins, les esthétiques varient de la simple house ou techno et c’est beau à voir !
Quelque chose qui peut être assez frustrant (quand on se déplace dans d’autre villes ou à l’étranger), c’est la difficulté de placer Montpellier sur la carte à côté d’autres villes comme Bordeaux ou Marseille.
En tant qu’acteur maintenant, quel est le « climat » global ? Est-ce compétition et individualisme, ou bien entraides et coups de pouces ?
M : De notre côté, nous avons toujours reçu de l’aide quand nous en avons demandé et nous sommes toujours prêts à filer un coup de main à ceux qui en ont besoin. Notre but étant de développer la scène locale, nous pensons qu’il est nécessaire que les différents acteurs du territoire travaillent main dans la main, plutôt que les uns contre les autres.
P : Tout change, et ça devient vraiment cool ! Quand on a commencé, on sentait plus de l’individualisme entre les différentes associations. Et au fur et à mesure, on arrive à de l’entraide. C’est un contexte beaucoup plus productif et pas des moindres, puisqu’on arrive à échanger, travailler ensemble etc.
PR : La compétition pousse les gens à se diversifier et à se démarquer de toute façon. De notre côté on s’estime pas comme de « la concurrence » vu que la radio se nourrit de tous ces DJs, ces collectifs qui forgent l’identité de la radio. Même si on a une partie des émissions à l’étranger, l’identité de la radio se nourrit de tout ce qui se passe localement. Le manque de lieu exploitable et disponible à Montpellier peut amener à une concurrence entre certains collectifs, l’Antirouille, le Rockstore ne sont pas des lieux accessibles à tout le monde et un troisième club en ville ferait du bien à beaucoup de monde !

Crédit photo : Aymeric Tascon

Crédit photo : Marie Devine

Crédit photo : Luis Pusey

Crédit photo : Luis Pusey
Je remarque d’ailleurs une sorte d’émulation, chose assez récente pour la ville. Vous êtes amenés à jouer ensemble, à travers un festival ou un autre plateau radio.
PR : Encore une fois, en tant que web-radio, c’est notre leitmotiv. Puis, d’un point de vue générationel – et sans prétention – on pense que tous ces collectifs et acteurs culturels incarnent un nouveau souffle. C’est en collaborant, en mixant nos identités et actions que l’on donnera peut-être quelque chose de nouveau à Montpellier
Sur les acteurs dits « historique » de la ville tels que Family Piknik ou Bonheur, Little Berlin, MLIAWE, comment vous situez vous ?
P : On ne peut pas se comparer, ni se situer avec eux. Parade n’est pas notre travail, ni notre gagne pain. Le contexte est donc complètement différent. Nous ne sommes pas non plus contre une évolution de l’association, mais toujours en restant à but non lucratif. On est là pour le fun, et pour partager un projet qui nous plait entre potes. On prépare une soirée pour le 5 avril… toujours à l’Antirouille ! Le reste viendra naturellement par la suite.
PR : Ils ont donné une identité et une réputation à la ville, ils la donnent encore, mais on est pas si proche d’eux. Pour notre part, on a un peu du mal à rentrer en contact avec ces acteurs plus installés, de monter des projets ou bien même de les avoir dans le studio. Ça ne saurait tarder on l’espère !
Quelle est la suite pour vous ?
M : On travaille sur plusieurs projets dont on vous parlera très bientôt !
PR : Continuer à faire vivre la radio, continuer à tisser des liens avec d’autres web-radios comme on a pu le faire jusqu’ici, puis faire entendre Montpellier à l’étranger dans ces collaborations. On a déjà assez d’émissions résidentes pour ne plus avoir de temps pour nous, mais on continuera à en accueillir de nouvelles soyez en sur ! C’est déjà pas mal comme programme, non ?
Retrouvez Parade, Modal & Piñata Radio sur les réseaux. Côté actualité, le crew Modal nous prépare quelque chose, après une fête le week-end dernier à l’Antirouille. Idem pour Parade, qui sort d’une belle célébration au début du mois. Piñata Radio, qui a fêté ses 1 an & récemment installé au Discopathe, continue de nous offrir des good vibes all day et nous invite à une nuit de folie !
You might also like
More from Inspirations
Super-Hérau(l)t : Louise Robert, l’énergie créatrice
Parce qu'ils font la ville, notre quotidien et ont une énergie qui débordent, nous avons décidé de lancer une nouvelle …
Éloïse Michel, le caméléon artistique
C'est en tombant sur le OAT Festival, un festival mettant en avant de nombreux artistes étudiants à l'Université Paul Valéry …
Les collages doux-acides de Claire Martine
Elle collectionne les revues d'un autre temps, les bichonne à sa manière pour les faire revivre sous un autre angle, …