Il revient une nouvelle fois, comme la promesse d’un vent d’air frais dans la cité des Papes : le Festival Résonance lance sa 11ème (!) édition ce week-end. Nous avons discuté avec le duo de DJ le plus barré du circuit, Sheitan Brothers !
En Avignon – ce n’est pas grave si l’on dit « à Avignon » et non « en Avignon » et d’ailleurs, on dit à Arles et pas en Arles, voilà c’est tout – il n’y a pas que le théâtre. Depuis dix ans maintenant, le Festival Résonance investit les plus beaux lieux de la ville – et il y a de quoi faire – avec une programmation de qualité. De la belle musique dans du beau patrimoine, en somme.
Cette idée culmine même le samedi soir par un DJ set sous rien de moins que le Pont d’Avignon. Le célèbre, celui qui est en partie détruit, que l’on appelle aussi Pont Saint-Bénézet. Les DJ sont sous ce qu’il reste du pont, et vous à côté, à danser. C’est un peu dingue, mais magique.
Parmi la programmation de cette édition anniversaire – Varoslav, Clémentine, Camion Bazar, Piu Piu & La Mamie’s – on retrouvera deux événements : Arnaud Rebotini qui jouera la BO de 120 battements par minute, et puis le live de Molécule, producteur qui a traversé l’Arctique & les océans pour enregistrer des albums, des images, des ambiances sonores. Le résultat est un live assez bluffant & immersif, entre vidéos & sons, qui nous plongent dans la froideur du Grand Nord – mise à jour : pour des raisons indépendantes du festival, la soirée est annulée.
Oh, mais nous allions presque oublier. Car au milieu de cette programmation XXL, se cache deux diggers aux grands coeurs : les Sheitan Brothers ! Deux acolytes de groove – Patrick & Pierre-Marie, qui jonglent entre leurs activités en semaines & leurs DJ sets le week-end où ils distillent bonne humeur, chaleur incendiaire & une certaine idée d’ouverture musicale. Messieurs, c’est à vous.
Hello ! Comment ça va, déjà ?
PM : En grande foforme et toi Patrick ?
Patrick : Pas si mal pour un mois de mars !
Je crois que c’est la première fois que vous venez à Avignon. Ce côté « première fois », cela doit parler à votre autre activité de programmateur pour Arty Farty, non ?
PM : On a toujours hâte de découvrir de nouveaux lieux, événements et de rencontrer de nouvelles personnes au travers du prisme de la musique qu’on propose. On aime bien ce genre de situation qui nous positionne sur le mode « j’irais boire l’apéro chez vous ». La convivialité, l’échange et la fête sont la base de ce projet, c’est ainsi dire notre croisade. On sait pertinemment que personne ne nous connait. Le but c’est qu’on laisse l’emprunte d’un temps partagé particulier et joyeux et surtout, l’envie de revenir. Avec Patrick on laisse derrière nous nos activités professionnelles car on recherche un moment de vérité avec les personnes qui nous invitent et se qui se laisse tenter par le Sheitan.
Patrick : Le projet Sheitan c’est, comme le disait Pierre Marie, une capsule un peu à part dans nos vies respectives, on le considère plus comme un territoire à définir à chaque montée sur scène ou à chaque arrivée quelque part avec les gens qu’on rencontre. Chaque projet auquel on participe est un peu une nouvelle première fois à vivre (oui je sais c’est deep comme pensée).
Comment est-ce que l’on jongle entre ces deux activités ? Est-ce que d’une certaine manière, l’une nourrit l’autre ?
PM : Bien sûr il y a de la porosité. Dans mon activité de programmation, le but est de décrypter et me nourrir des informations que je glane ça et là. Nos dates et nos rencontres sont un filon extrêmement riche et pertinent quant à mon métier.
Patrick : Ah ben moi je ne suis pas programmateur de festival, bah, c’est pas grave je répondrais à la prochaine question !
Sheitan Brothers, le pseudo appelle + un côté décalé, second degré & festif. Vous qui baignez dedans : trop sérieux, les scènes électroniques ?
PM : À la base notre crédo était « des soirées pour amusez les gens qui ne s’amusent plus ». Donc oui forcément on recherche de la distance et un certain décalage avec la scène électroniques. Personnellement, ce projet me permet de vivre ma passion pour la musique de manière plus libre et sans pression quant à ma pratique professionnelle.
Patrick : Je pense que ce n’était même pas une stratégie au départ, il me semble même déjà trop extrême d’essayer d’y poser une réflexion sur le sérieux de la « scène électronique ». Ce projet est à nos yeux beaucoup plus simple (sans être simpliste, on se questionne toujours beaucoup), il nous ressemble, c’est une extension de nos deux personnalités réunies à travers une passion forte pour la recherches de morceaux inattendus. Plus le temps passe, plus on devient exigeants, assidus voir même techniques mais au fond, ce qu’on aime nous c’est jouer à 4 mains et regarder les gens danser avec nous. Pour ma part, c’est cette communion que je recherche, réussir à faire danser des gens sur de la musique qui me secoue les genoux et que j’ai envie de partager.
On vous a vite catégorisé « musiques électroniques arabisantes », mais vous ne jouez pas que du chaabi. Le track qui fonctionne à tous les coups, c’est quoi ?
PM : Bien trop vite car la base de notre projet c’est de croiser nos gouts et de notre connaissance des musiques brésiliennes et du Moyen-Orient, mais on a développé bien d’autres territoires musicaux : Bubblegum sud africain, musique afro-colombienne, New Beat internationnal, etc… Une track qui fonctionne à tout les coups : Disco Halal, « Baladi (Mehmet Aslan edit) ».
Patrick : C’est vrai que l’étiquette est tombée très vite mais je pense qu’elle correspondait à une envie, un besoin ou ce sentiment d’avoir été marqué au fer rouge par la musique orientale que nous jouons dans nos sets. C’est bien les catégorie au final, ça permet de mieux surprendre ensuite. Un autre morceau qui ne rate jamais sa cible : Joey Negro, « Free Bass ».
Comment vous construisez vos sets ? Est-ce que vous les préparez un peu, beaucoup, ou c’est de l’improvisation totale ?
Patrick : Nous ne préparons jamais nos sets, on digge énormément mais on ne se fait même pas ou très peu écouter nos nouveaux morceaux, on aime assez se balancer des missiles entre nous et s’amuser autour. Bien évidemment, depuis plus de 5 ans maintenant, on à quelques recettes, on connait les drops ou les morceaux qui vont ou peuvent changer la face de la soirée mais on préfère jouer sans filet, se laisser le choix de partir dans une direction plus qu’une autre et le faire avec le public, en fonction de ses actions/réactions. C’est dans cet exercice qu’on est le plus à l’aise en tout cas.
Une question très sérieuse pour la fin : vous en pensez quoi du terme « world music » ?
Patrick : C’est pour moi une terminologie un peu étrange … J’ai la sensation que le terme « World Music » est un genre crée par les cultures occidentales pour définir la musique du reste du monde, ce qui est assez absurde sachant que nous faisons nous occidentaux également parti de ce paysage musical global. Partant de ce principe, on pourrait donc qualifier une valse musette bien française à de la « world music », si il était écouté et collectionné par un péruvien ou un japonais ? Et la country, c’est de la « World Music »? Je reste sceptique ma foi, si tu veux mon avis, elle est pas claire cette histoire.
Les Sheitan Brothers seront au Festival Résonance vendredi, au Village du OFF. Et ça promet. Toutes les infos sont ici !
More from Artiste du Mois
Super-Hérau(l)t : Frank Rabeyrolles, musicien super-actif
Parce qu’ils font la ville, notre quotidien et ont une énergie qui débordent, nous avons décidé de lancer une nouvelle …
Noël + Sète + fun = BAZR
C'est un RDV que l'on manquerait sous aucun prétexte : ce week-end aura lieu la 7ème édition d'un festival pop, 100% …
Super-Hérau(l)t : Louise Robert, l’énergie créatrice
Parce qu'ils font la ville, notre quotidien et ont une énergie qui débordent, nous avons décidé de lancer une nouvelle …