L’un des festivals les plus doux, attachants & familial de la région lancera son édition 2019 vendredi 24 août, à Uzès. Nous avons discuté avec les artistes qui vont clore les festivités : Maybe Tonight, Tropicold & Seconde Nature.
Il y a des festivals pas comme les autres. On ne va pas se répéter, on a déjà exposé nos arguments, en (presque) toute objectivité ici. Les Courants Alternatifs, n’est pas un festival comme les autres. Une preuve s’il en fallait une autre : le dimanche, soit le troisième & dernier jour de festivités, aura lieu un « after fin de fûts ». Pas besoin de vous faire un long schéma, ça va être la franche rigolade. Le tout sonorisé avec goût, bien sûr. Et pour cela, plusieurs collectifs & DJs se relaieront derrière les platines : Maybe Tonight, Nytorosso, Tropicold et Seconde Nature. Et ils ont tous comme point commun – s’il fallait en choisir qu’un, une légèreté d’un grand sérieux. On entend par là : la fête, c’est une belle & grande chose, mais cela nécessite un certain travail, voir du talent. Alors, on s’est dit qu’on allait discuter avec les plus locaux d’entre-eux.
Bon, malheureusement, l’équipe de Seconde Nature ne nous a pas répondu à temps. Mais on les aime quand même, hein.
Comment ça va, déjà ?
Tropicold : Écoute, là je suis en mode thé glacé et ventilo pour supporter la canicule au bureau, chaud/froid quoi et donc très Tropicold finalement !
Maybe Tonight : Pas mal, merci, l’été fait du bien après une année chargée.
Dans les scènes électroniques – tous styles confondus – on coupe toujours la France en deux : Paris, et la province. Pourtant, j’ai l’impression que les choses bougent, partout. Comment vous sentez cela, au quotidien ?
Maybe Tonight : Étant installés à Paris, il est assez difficile de se prononcer sur ce qu’il se passe dans le reste du pays, même si l’on constate de loin l’immense qualité des scènes qui se développent par exemple dans les régions de Lyon et Bordeaux autour de lieux emblématiques (Nuits sonores, Le Sucre, l’I-Boat, Cafe Mancuso, …), de DJs et collectifs audacieux (LYL Radio, BFDM, Macadam Mambo, TPLT, Décalé …) et d’excellents disquaires (Chez Emile, Oto disques …). Ce sont les trois piliers essentiels à la vigueur d’une scène. Il faut à cet égard souligner le rôle crucial qu’a joué ces dernières années à Paris un disquaire comme L’international / Bigwax pour son développement, et l’ouverture cette année de Dizonord témoigne de la très bonne dynamique dans laquelle se trouve la ville. Le Paris de 2019 n’est pas comparable à celui de 2009, c’est une toute autre scène qui a émergée. Il y a tellement de collectifs qui se bougent pour animer une vie nocturne (et diurne) de qualité ! L’offre est très diverse en termes d’ambiances et de styles, alors qu’il fallait se lever tôt pour écouter autre chose que la même tech-house dans les mêmes clubs il n’y a pas si longtemps. Surtout, et c’est assez rassurant : la demande semble suivre. Bien sûr qu’on va tendre vers un point de saturation, mais nous avons l’impression qu’il y a encore de l’espace pour les nouveaux arrivants.
Le seul point noir, selon nous, réside dans la pénurie de lieux permettant d’organiser des soirées dans de bonnes conditions, et là on parle tout particulièrement de la qualité des sound systems … Le travail mené par certaines soirées comme Sweet Apricoots, à Montreuil, depuis cette année, est superbe, et l’attention apportée à la qualité de la sono, comme à l’ensemble des conditions qui rendent une soirée agréable (un staff sympa, un espace qui n’est pas saturé par un fonctionnement en sur-capacité, des consos abordables …), ouvre cependant vers un horizon plus qualitatif à ce niveau.
Mais pour revenir à ta question on sent bien que cette énergie se diffuse partout, notamment grâce à des festivals de plus en plus pointus. Les Courants Alternatifs en sont un exemple parfait.
Vous êtes tous présent à Marseille ou Aix-en-Provence – sauf Maybe Tonight, maintenant à Paris. Là aussi, j’ai l’impression que les choses bougent, que la vie nocturne s’améliore, non ?
Maybe Tonight : Par notre présence intermittente dans la ville, il est plus difficile pour nous d’avoir une vision juste de la vie nocturne marseillaise. La fermeture de L’Uppercut ou de La Fée Verte nous attriste, mais l’émergence de lieux comme Le Chapiteau de la Belle de Mai, l’activisme de la Méta Zone Libre ou la qualité toujours croissante des rendez-vous à la Friche nous rendent optimistes pour l’avenir de notre ville.
Tropicold : Les choses changent et c’est tant mieux pour la province. Des festivals comme Le Bon Air, Positive Education Festival, ou la référence Nuits sonores, des lieux comme le 101, le Sucre ou le Méta Zone Libre ici n’ont pas à rougir des programmations parisiennes. Néanmoins à Marseille, il manque encore de clubs viables, avec des petites jauges et un patron pas idiot, on est toujours en alerte sur ce dossier …
Entre collectifs, est-ce que vous sentez une réelle aide, une envie commune, ou bien une concurrence marquée ?
Tropicold : Oui, je sens une solidarité bienveillante entre nous, de l’amitié souvent et une bonne émulation, notamment avec Extend & Play, Métaphore Collectif, D-Mood, Sidi & Co ou Maraboutage. On s’échange les bons plans, on se dépanne en matos, on fait parfois des co-productions et on va danser dans les soirées les uns les autres !
Maybe Tonight : L’atmosphère est très bonne, et nous sommes tous en premier lieu des amoureux de musique qui se retrouvent autour de cette passion commune. Il y a bien entendu des affinités, des collectifs avec qui on est très proches et d’autres qu’on connaît peu, mais il y a dans l’ensemble une émulation positive qui permet de se rencontrer, de jouer ensemble, de se faire mutuellement découvrir des choses. La scène bénéficie dans son ensemble du travail mené par chacun des collectifs.
Tropicold, Maybe Tonight : vos noms renvoient à une sorte d’oxymore de la fête. L’envie d’être à contre-pied ?
Tropicold : Bien vu ! Dans le genre double-sens, la punchline Tropicold c’est « grosses montées, sacrées descentes » donc oui, ça nous pose bien sur un entre-deux, dans le chaud/froid mais clairement pas dans le tiède ! On voudrait pas s’enfermer dans le cliché afro & tropical, on kiffe les percus, le dancehall ou le raï mais on adore aussi l’acid, la new wave ou le boogie. C’est plutôt ambiance bouillabaisse en cuisine quoi !
Maybe Tonight : Il y a un peu de ça, l’idée de ne pas trop savoir qui nous sommes ou ce qu’on va jouer, de laisser planer le doute. Que ce soit avec la chaîne Youtube, les podcasts ou dans les visuels de nos soirées, on prend un certain plaisir à brouiller les pistes. On s’y perd un peu nous même parfois, mais c’est mieux comme ça.
Comment vous travaillez vos sets ? Bien calés en amont, ou improvisation totale ?
Maybe Tonight : On essaie d’être rigoureux dans la préparation de nos podcasts ou de notre émission sur LYL Radio, mais durant nos sets on a l’habitude de tout faire de manière improvisée dans un grand B2B à 8 mains ou plus.
Tropicold : Les deux mon général ! En général, les podcasts et les directs sur Radio Grenouille, on les charbonne bien. Les DJ sets en club ou en festival sont beaucoup plus spontanés, on joue souvent en b2b entre nous ou avec des invités, et puis les lieux, les ambiances ou les publics sont toujours différents donc on préfère se fier à l’instinct !
Passons aux choses sérieuses : selon Paul (co-fondateur du festival), un match de foot pourrait s’organiser entre les différents collectifs & DJs présents sur le festival dimanche. Qui contre qui, du coup ?
Tropicold : Franchement, vu les températures je penche plutôt pour la pétanque non ? Mais sinon on prend les aixois (Seconde Nature), ce sera équilibré. Il y a un senior et un junior dans chaque équipe !
Maybe Tonight : Supporters de l’OM contre le reste du monde !
Les Courants Alternatifs, c’est du 24 au 26 août, à Uzès. Infos & résas.
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